Bonjour Éric Chevallier, en préambule quelques mots de présentation ?
Bonjour à tous les abonnés de cette page Facebook et merci à Monsieur Lisner pour cette bonne initiative de partage sur les expériences diverses des français résidents au Japon. Je suis très heureux de parler de la mienne.
Je souhaite que mon témoignage puisse aider celles et ceux qui souhaiteraient s’engager dans un parcours de vie en lien avec le Japon.
Actuellement forgeron et fondateur de l’entreprise de couteaux traditionnels « DeSakai » www.desakai.com, je suis également conseiller du bureau touristique de la ville de Sakaï ainsi que coordinateur du développement du marché étranger pour le centre de promotion industrielle de cette même ville, ce qui me permet d’être à la fois un entrepreneur free-lance mais qui cumule pour autant plusieurs emplois …
Pourquoi et comment le Japon alors ?
Tout a commencé avec mon cursus universitaire suite à mon baccalauréat où j’ai entamé l’étude de la langue japonaise à l’Inalco.
J’ai ainsi commencé ma vie nippone par un visa « vacance-travail (working holiday) » et un bénévolat de 6 mois à Tahara, un village près du sanctuaire de Ise via l’organisme WWOOF.
J’ai commencé alors à aider bénévolement par des traductions un forgeron réputé de la ville de Sakai qui rêvait de s’ouvrir à la France. Cette vieille maison de 22 générations m’a permis ensuite de rester comme apprenti 5 années via le visa « activités culturelles ».
J’ai saisi toute les chances que j’avais d’aider les artisans, la mairie et divers organismes japonais et ce toujours bénévolement tout en apprenant les traditions artisanales de la région et son histoire. Ces dures années de travail et d’abnégation ont fini par me permettre de m’intégrer parfaitement à ce pays bien aimé et d’être régulièrement sollicité par les médias japonais et différents bureaux de promotion touristique pour des salons au Japon comme à l’étranger mais principalement en France.
Peut-on dire que le choc culturel existe toujours après ces années d’expatriation ?
Je n’ai pas eu de choc culturel en particulier car je n’avais que 21 ans quand je suis arrivé ici. Etudiant, je n’avais pas encore été confronté au monde adulte. Jusqu’à 18 ans je n’étais que peu sorti de mon village, presque calme. Je dirai que le choc culturel a eu lieu en France, quand j’allais étudier et travailler sur Paris et que je devais prendre les transports en commun en traversant les banlieues. J’ai ressenti comme un retour à la paix de l’enfance en venant au Japon. Par contre quand je rentre en France, le choc cultuel est bien là. Il faut comprendre que ma vie en France a été construite par ma famille, mes amis et l’école. Celle que je mène au Japon, c’est moi qui l’ai construite.
Ma femme ressortissante du pays et mon travail presque en vase clos dans un environnement très traditionnel de l’art japonais m’ont permis de comprendre ce Japon.
Pour l’anecdote nous ne sommes que trois étrangers reconnus comme forgerons et à ce jour je suis le seul à être présent sur l’archipel. Le seul également à avoir fait les cinq années d’apprentissage qui sont implicitemnt reconnues comme l’assurance d’un savoir acquis.
Au final, je considère que j’y ai bien réussi mon intégration. Toutefois cela m’a valu de me couper assez longuement de la communauté française d’expatriés.
Ce n’est que récemment que j’ai renoué avec eux par le biais de notre consul général Jules Irrmann et d’un îlotier de l’arrondissement d’Osaka qui m’a incité à m’inscrire sur le listing consulaire. Je ne saurais que trop recommander cette démarche à ceux qui ne le sont pas encore ne serait-ce que par le lien et l’échange qu’elle peut provoquer.
Enfin, je souhaite à chacun de réaliser ses rêves de pleine réussite au Japon et je serai ravi d’accueillir chacun de vous dans ma ville de Sakaï et particulièrement au sein de son musée fraichement rénové (www.sakaidensan.jp/en).
Interview réalisé par Philippe Côme
One Comment
Belle aventure
Bravo !