Association francophone d'aide à la recherche d’emploi au Japon

Gaël vous dit tout sur le tatou … age japonais

Je suis heureux à mon tour comme mon ami Roméo l’a fait juste avant moi de pouvoir témoigner de mon parcours et plus particulièrement de ma petite expérience de vie au Japon et ce à l’attention des jeunes lecteurs du forum qui aurait envie de venir y tenter une aventure. Je suis originaire de Grenoble, j’ai 23 ans et je suis arrivé au Japon en juin 2019, voilà les éléments pour planter le décor après avoir eu mon bac en 2015.

J’ai suivi à l’issue les pas de ma sœur et je suis parti une année à Toronto afin de maitriser l’anglais sur les conseils de mon père. J’ai à mon retour commencé une fac’ de LEA Anglais/Japonais que je n’ai suivi que durant quatre mois car le rythme de la fac’ ne me convenait pas. J’avais envie de repartir et je me suis embarqué pour l’Australie pour y faire du woofing mais un cyclone est passé par là et m’a privé de travail.

De retour en France, j’ai travaillé pendant un an dans une usine de composant électronique. Rapidement j’ai vu que le travail ne me plaisait pas et je l’ai quitté dans l’espoir de retrouver quelque qui me conviendrait mieux. J’ai commencé un BTS international axé sur le Japon que j’ai arrêté aussitôt, comprenant que les études supérieures ne me passionnaient pas réellement.

Le Japon lui, me trottait toujours dans la tête et grâce aux sous mis de coté pendant que je travaillait, à l’aide de mes parents et à la vente de ma moto j’ai décidé de partir pour l’archipel qui me fascinait plus pour ses arts traditionnels que par le volet manga que j’avais pourtant découvert et aimé plus jeune.

En fait, j’étais très attiré par l’ukiyo-e et parallèlement pour le tatouage traditionnel japonais que j’avais découvert plus jeune à travers entre autre des livres sur l’artisanat Japonais, des illustrations et des films de yakuza. Aussi je me suis fait tatouer en France les bras et le torse avant mon envol pour ce pays où j’avais décidé de partir pour découvrir cet artisanat. On parle bien d’artisanat au Japon pour le tatouage et non pas d’art! Mais le plus important était de pouvoir communiquer. Alors sur Osaka je me suis inscrit dans une école de langue où j’allais passer deux années et ce qui m’a permis d’avoir le JLPT N2 en un an et demi et 6 mois supplémentaires pour consolider mon niveau de langue.

Parallèlement après six mois d’école, mon niveau m’a permis de contacter un maitre du tatouage japonais sur Tokyo et ce dernier a bien voulu me rencontrer et m’expliquer cette technique de tatouage traditionnel qu’est le tebori et qui a débuté au japon durant l’ère Edo. J’ai par exemple appris qu’il existait à cette époque un tatouage traditionnel fait d’images tirées du sacré, appelé entre autres wabori ou horimono et un autre qui était punitif afin de permettre d’identifier les délinquants communément appelé irezumi (terme souvent utilisé à tort pour parler du wabori).

Sous Meiji comme le pays s’est ouvert à l’occident, le pouvoir politique a interdit le tatouage punitif afin de ne pas véhiculer une image barbare du pays et parallèlement le tatouage culturel a été emporté par cette interdiction et est passé dans la clandestinité. A une époque plus récente que sont les années 70, l’ère Showa, il y a eu une vague cinématographique où les yakuzas apparaissaient souvent et bien évidemment tatoués ce qui n’a pas plaidé en la faveur du tatouage.

Comme le pays est toujours très conservateur et bien que les mentalités ont évolué, l’image du tatouage est toujours associée à celle de la mafia, ce qui fait encore qu’il n’est pas bien vu dans la société japonaise.

Pour autant, beaucoup de japonais le sont mais le cachent au quotidien. Pour ma part j’ai décidé de continuer à faire tatouer mon corps avec la technique traditionnelle et non pas avec un dermographe comme il est majoritairement fait à travers le monde.

En février 2021, j’ai terminé mon dos lors de multiples allers/retours à Tokyo ; en temps cela a duré 67 heures.

Heureusement que j’avais économisé en France et que mes parents m’ont aidé pour venir ici. Je regrette simplement cette image négative que véhicule encore le tatouage au Japon alors qu’il est chargé de message et qu’il y a une vraie histoire derrière.

Il faut savoir que beaucoup de Japonais l’ignorent et en sont restés à l’image simpliste des yakuza étant les seuls tatoués dans le pays …Tant pis pour 95% des onsen et à moi les sento.

Sur ce point particulier, les onsen interdisent les tatouages mais en réalité ils ont voulu empêcher les yakuza d’y accéder afin de ne pas faire fuir la majorité de leur clientèle. Pour ne pas discriminer ou éviter localement des ennuis, ils ont préféré interdire les tatouages.

En revanche pour les sento qui sont à la base des bains publics destinés par le passé à une grande partie de la population qui ne possédait pas de salle de bains dans leur maison, l’interdiction, pour raison d’hygiène, n’a pu être mise en œuvre. C’est pour cela que quand je vais au sento proche de mon domicile, personne ne me regarde et que j’y croise également des personnes tatouées : yakuzas ou pas !

L’avenir Gaël?

Donc à présent, il va falloir me faire des choix car mon visa se termine en février 2022. Le Covid a eu au moins cette plus-value de me donner une rallonge de six mois supplémentaires !Je suis donc à l’heure actuelle en train de prospecter pour trouver un corps de métier en lien avec ma passion du tatouage et ce par le biais d’un visa culturel ou d’un working holiday.

En tout état de cause, je n’aurai pas de visa culturel pour cette activité artistique japonaise qu’est le tatouage!

Mais j’aimerais aussi travailler pour une ville et promouvoir son image pour les touristes étrangers car le Covid finira bien par nous oublier… un peu!

En l’état, je cherche vers les métiers d’artisans comme les tailleurs de bonsaï ou les sculpteurs car le travail de l’ébéniste japonais est assez similaire dans l’imagerie à ce que l’on retrouve dans le tatouage. On peut d’ailleurs bien le voir sur les mikoshi, ces autels transportés lors des matsuri, où de nombreux dessins sont gravés dans le bois.

Encore merci à Emploi Japon de me permettre de témoigner et surtout de parler de ce qui est ma passion actuelle. Si l’histoire du tatouage traditionnel Japonais vous intéresse, j’ai écrit un article à ce sujet.

https://voyapon.com/fr/tatouage-traditionnel-japonais-horimono/?fbclid=IwAR20b0PkEH_-dkahnw7KtFGH-_NIVFvW8ecnZdIoUOd8HkEqhsVMkCT59DI

Mata ne !

Le 19 septembre 2021Atrium Café – KKR Hotel Osaka

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